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Severance ou l’importance de la photographie au cinéma

  • Photo du rédacteur: Florian SAYOUS ARMARY
    Florian SAYOUS ARMARY
  • 23 mars
  • 3 min de lecture

mr. Milchick, Severance S1

Ce blog parle de séries maintenant ? Et bien sachez que l'univers de la photo est aussi important dans le domaine du cinéma ! Mais alors pourquoi cette production en particulier ?


Présentation de la série Severance

Severance est une série télévisée américaine dystopique type science-fiction. La série suit les employés de Lumon Industries, une entreprise où un programme controversé permet de séparer radicalement les souvenirs professionnels et personnels. À l’intérieur, ils ne savent rien de leur vie extérieure, et vice-versa. La série critique la déshumanisation du monde du travail, l’absurdité des tâches monomaniaques et autres protocoles inutiles. Un thriller psychologique fascinant qui questionne notre rapport à la productivité et à l’individualité.


le bureau des heros de la série severance
Bureaux du Raffinement des macro données - lieu principal de la série

La photographie au service de la narration

La série ne se distingue pas seulement par son concept fascinant, mais aussi par sa photographie ultra-maîtrisée. Un travail minutieux sur la composition, la lumière et la couleur qui sert à renforcer l’isolement et l’état des personnages. C’est beau mais surtout : c’est un langage visuel puissant. Dès les premiers épisodes, Severance impose une atmosphère clinique et oppressante. La photographie repose sur un minimalisme extrême : les espaces de travail sont vastes, dépouillés et symétriques.


les couloirs blancs labyrinthiques de lumon

On retrouve 4 grands principes pour créer cet univers si particulier :

  • La symétrie et les lignes géométriques

Les bureaux de Lumon sont conçus comme un labyrinthe aseptisé où chaque angle renforce l’idée d’un contrôle absolu. Plans larges, cadrages ultra-symétriques et lignes qui encadrent les personnages... L'effet ? Une impression d’ordre artificiel, mais aussi d’enfermement oppressant et rigide. Le point technique le plus important : éviter toute déformation et garder les lignes droites.


  • L’utilisation du vide et du minimalisme

Les bureaux semblent à la fois trop grands et vides, avec un mobilier réduit au strict minimum. Ces lieux sont impersonnels et représentent l’univers corporate de manière éxagérée. Les personnages sont souvent filmés perdus dans ces espaces immenses, accentuant leur isolement psychologique. Aucun plan n’est surchargé esthétiquement, il y a beaucoup «d’air».


  • La palette de couleurs froides

À l’extérieur, les couleurs sont désaturées et froides (bleu/gris pâle, lumière naturelle diffuse). Un rendu réaliste, mais terne, évoquant une vie routinière en particulier dans les scènes hivernales où Mark erre dans son quotidien morne.

À l’intérieur de Lumon, dominante de vert pâle industriel qui rappelle les bureaux des années 60-70 et les espaces bureaucratiques oppressants ainsi qu’un blanc clinique. Lumière artificielle et uniforme, évoquant un environnement aseptisé. Il y a une logique de palette restreinte et codifiée qui renforce l’atmosphère unique de la série. Les rares touches de couleurs sont symbole de liberté, de joie et de rupture.


  • Les objectifs et la distorsion spatiale

La série utilise des objectifs grand-angle qui exagèrent les perspectives, notamment dans les couloirs interminables de Lumon. Cela crée une sensation d’espace irréel à la fois vaste et étouffant. Lorsqu’un personnage traverse la dissociation, la caméra utilise un effet Vertigo en gros plan pour accentuer l’impression de glissement vers un état d’existence complètement différent. Cela amplifie la rupture entre leurs deux réalités.



Vertigo ? Kezako ? Popularisé par Alfred Hitchcock dans le film du même nom, cet effet consiste à zoomer en avant tout en reculant la caméra (ou inversement). Ce procédé crée une distorsion de la perspective, donnant une sensation de vertige et d’étrangeté. Se nomme aussi dolly zoom ou travelling compensé.



Diverses inspirations et références

  • Brazil (Terry Gilliam) - Bureaucratie absurde.


  • Playtime (Jacques Tati) - Espaces de travail anonymes et oppressants.


  • Le Cadrage de Wes Anderson / Stanley Kubrick - Une Symétrie obsessionnelle avec des décors ultra-géométriques.


  • Les Open-spaces d’aujourd’hui - Conçus pour optimiser la production et communication, mais souvent au détriment du bien-être humain.


  • Les Années 60-70 - Le design corporate et brutaliste comme par exemple IBM, Kodak ou AT&T : des géants de l’époque dont les bureaux étaient conçus pour maximiser la productivité en standardisant l’environnement.


3 Conseils pour recréer ce genre d'univers dans vos propres photographies

  • Joue avec la symétrie et les lignes Photographier un bureau vide ou une architecture froide et géométrique peut retranscrire cette sensation d’uniformisation. Utilise les perspectives et teste divers placements dans l’espace.


    photo d'architecture

  • Utilise une palette de couleurs réduite et froide

Privilégie des teintes bleues / vertes, grises et blanches pour créer une ambiance angoissante, clinique et impersonnelle.


méca de bordeaux, photo noir et blanc d'architecture

  • Exploite l’espace négatif et l’isolement du sujet

Privilégie des teintes bleues / vertes, grises et blanches pour créer une ambiance angoissante, clinique et impersonnelle.



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